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Séparés par des virgules

Une enquête sur la santé mentale des étudiants européens

Quatre chercheurs de l’UA en psychologie (Christophe Jarry, Jérémy Besnard, Davide Giannica et Jean-Baptiste Desveaux) ont participé en 2024 au lancement d’une grande enquête européenne sur la santé mentale des étudiant∙es. Ils détaillent les premiers résultats.


Christophe Jarry.

Dans le cadre de l’alliance EU-Green, huit projets de recherche ont été financés en 2024. Parmi eux, le projet Mental Health of University Students (MHUS), financé à hauteur de 30 000 euros, en collaboration avec six universités partenaires : Angers, Evora (Portugal), Extremadura (Espagne), Parme (Italie), ATU (Irlande) et Gävle (Suède). Il vise à comparer la santé mentale des étudiant·es entre pays européens et à identifier les facteurs qui l’influencent.

Un questionnaire, traduit dans les différentes langues, a été diffusé aux étudiant·es à partir de fin 2023 chez les partenaires et au printemps 2024 à Angers. Il abordait les variables socio-démographiques (âge, sexe, niveau d’études, situation économique), les modes de vie (alimentation, loisirs), et les types de prise en charge de la santé mentale (suivi psychologique par un professionnel de santé, groupes de parole). Les chercheurs de l’UA ont enrichi l’analyse comparative en intégrant l’impact des questions environnementales sur le bien-être mental.

Des chiffres trop élevés

Les données recueillies ont été traitées pendant l’été 2024 par des chercheur∙es de l’Université d’Evora, qui pilote le projet. Pour l’UA, 198 étudiant∙es ont répondu intégralement à l’enquête : 47 % déclarent présenter des symptômes modérés ou sévères d’anxiété et 29 % de dépression. "Ces chiffres correspondent globalement à ceux des autres universités et à ce que l’on observe au SSU mais restent trop élevés, souligne Christophe Jarry. L’enquête s’intéresse également à l’interaction entre la présence de ces symptômes et les facteurs socio-démographiques comme le milieu socio-économique, les résultats académiques ou les antécédents médico-psychologiques". Ce qui ressort aussi de cette enquête à l’échelle européenne c’est que les étudiant·es privilégient le dialogue avec leurs amis ou la psychothérapie lorsqu’ils traversent une période de mal-être psychologique et sont beaucoup moins enclins à participer à des groupes de parole ou à utiliser des applications mobiles de santé mentale. Les principaux obstacles pour demander de l’aide, selon les étudiant·es, sont le coût élevé du soutien professionnel, les délais d’attente trop longs pour obtenir un rendez-vous, ou encore les inquiétudes concernant les effets secondaires possibles des médicaments. Les étudiants français se sentent un peu mieux informés et confiants dans les psychothérapies ou les médicaments et jugent moins problématique le prix de soins, que pour d’autres pays de l’enquête, "sans doute car nous disposons déjà de dispositifs de qualité et proches d’eux comme le SSU" ajoute Christophe Jarry.

Et maintenant ?

Trois articles scientifiques en lien avec cette enquête sont en cours de soumission à des revues. "Cet état des lieux était nécessaire pour pouvoir ensuite faire des demandes de financement pour proposer des choses". Le collectif issu de l’alliance EU Green vient de soumettre en septembre une demande de financement pour un projet Europe-Horizon de plusieurs années. L’idée de ce programme de recherche, SelfCare4Students, est de tester un dispositif combinant un plan de soins personnalisé, axé sur un mode de vie sain, et une formation métacognitive de groupe (MCT-Student), visant à réduire les stratégies d’adaptation inadaptées face au stress par exemple ou la pression des études et de l’avenir. En favorisant une pensée plus souple et des comportements plus sains, le programme vise à prévenir la détresse psychologique et à améliorer le bien-être des étudiant·es.

 

Les dispositifs de santé mentale à l’UA

Depuis 2021, des formations Premiers secours en santé mentale (PSSM) sont proposées à l’UA par le Service de santé universitaire (SSU) pour les personnels et les étudiant∙es. L’objectif est double : repérer un trouble psychique chez une personne le plus tôt possible pour l’orienter vers une prise en charge, et avoir une meilleure connaissance de ces troubles. Retrouvez les prochaines dates pour l’année 2025-2026.

Le SSU offre aussi des groupes de parole, et des séances de sophrologie. Un programme de méditation de pleine conscience de 2 mois (Meditation Based Stress Reduction) y est proposé, de manière quasi unique à France, depuis maintenant 4 ans. Christophe Jarry à l’origine de cette initiative précise : "une dizaine d’étudiants par semestre peuvent bénéficier de ce programme, ça peut sembler peu mais leurs témoignages, parfois des mois après, sont généralement très touchants et démontrent tout la place positive que cela prend dans leur vie, pour maintenant et pour plus tard".

Sans oublier le dispositif Santé psy étudiant, accessible à tous les étudiant∙es de l’UA.

Tenue par des étudiant∙es bénévoles, la ligne d’écoute nocturne Nightline permet d’aborder tous les sujets (stress, problèmes personnels ou liés aux études, ou simple besoin de discuter) de manière anonyme et en toute confidentialité.
Enfin, de son côté, la BU propose des actions de médiation animale.

 

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