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Séparés par des virgules

L'enquête égalité livre ses résultats

Initiée fin 2018, l'enquête égalité menée auprès des personnels et des étudiant·e·s permet de faire un état des lieux des discriminations à l'Université d'Angers. Qu'en ressort-il après deux ans de travail ? Si l'égalité est considérée comme bien respectée à l'UA, des axes d'amélioration sont mis en exergue.

En 2017, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a établi une feuille de route sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Partant de ce constat, Yannick Lécuyer, chargé de mission égalité à l’Université d’Angers (UA) à cette époque et Emilie Tricot, membre de la commission égalité, ont souhaité décliner cette idée à l’échelle de l’UA. Ainsi, fin 2018, les membres de la Commission égalité de l’UA ont décidé de faire un état des lieux pour constater les bonnes et mauvaises pratiques au sein de l'établissement universitaire concernant l'égalité. Pour cela, ils ont lancé une vaste enquête auprès des personnels et des étudiants. « C'était un enjeu majeur. On voulait connaître les discriminations présentes pour mettre un plan d'actions afin d'y répondre au mieux », explique Alexandre Pietrini, directeur du Suaps et chargé de mission égalité à l'UA lors du lancement de l'enquête.   

« Transmission et transparence »

Des milliers de questionnaires ont été envoyés. Une bonne partie d'entre eux (voir les chiffres ci-contre) sont revenus complétés de nombreuses informations. Une multitude de données qu'il a fallu analyser. « Pour cela, il y a eu un travail collégial avec Samuel Delépine comme chef d'orchestre. Il nous a guidés pour que l'on fasse un vrai travail scientifique », souligne Alexandre Pietrini. Une rigueur qui permet à l'enquête égalité d'être un objet d'étude. « Les résultats sont disponibles pour tous. Cela pourrait être un sujet potentiel pour des chercheurs à travers l’exploitation des bases de données », avance Samuel Delépine, référent de l’UA pour la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et qui a coordonné l’exploitation des réponses aux questionnaires. « C’est un vrai travail de transmission et de transparence que l’on a mis en place. Grâce à cela, nos successeurs vont pouvoir cibler des actions précises », ajoute Laure Perchepied, enseignante-chercheuse à l’UA et membre de la Commission égalité lors du lancement de l’enquête.

De gauche à droite : Alexandre Pietrini, Laure Perchepied, Samuel Delépine, David Niget.

Inégalité de statuts et racisme

Pour mener à bien ce travail, Alexandre Pietrini insiste sur « l’entière confiance et la liberté laissée par les instances de l’UA sur des sujets sensibles ». Alors, que ressort-il de ces deux enquêtes ? « On constate qu’à l’UA tous les types de discriminations sont présents que ce soit pour les personnels et les étudiant·e·s. Malgré cela, les deux catégories considèrent que l’égalité de traitement est plutôt bien respectée à l’UA », répond Samuel Delépine. Dans le détail, voilà les sujets qui « fâchent ». Pour les personnels, il s’agit de l’inégalité de statut professionnel. « Il y a une attente forte sur le sujet. D’ailleurs, les femmes Biatss ont été les plus nombreuses à témoigner », précise Samuel Delépine. La relation à la hiérarchie et les abus de pouvoir qui en découlent parfois sont également mis en lumière à travers les réponses. Du côté des étudiant·e·s, ce sont les problèmes liés à l’origine réelle ou supposée qui ressortent des réponses. « Ce sujet du racisme est la première préoccupation avant celui du statut de l’étudiant·e, c’est-à-dire son appartenance à une classe sociale », décrypte Samuel Delépine.

Des dispositifs d’aide méconnus

Autre fait marquant qui émerge de l’enquête menée auprès des étudiant·e·s : la méconnaissance par ces derniers des dispositifs internes à l’UA visant à lutter contre les problèmes d’égalité. « Les politiques sont inconnues ou invisibles selon eux. Dans le même temps, les étudiant·e·s reconnaissent ne pas faire la démarche d’aller vers les instances », relate le référent de l’UA pour la lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui dans cette mission affirme « ne recevoir que 5 étudiant·e·s au maximum par an ». Un constat qui alerte David Niget, le nouveau chargé de mission égalité à l’UA : « Beaucoup d’étudiant·e·s pensent qu’ils pourraient subir les conséquences d’une interpellation sur ce sujet des inégalités. Je tiens à les rassurer. L’institution les protégera et les accompagnera. Nous ne sommes pas juste une sonnette d’alarme. »  En cela, l'enseignant-chercheur en histoire contemporaine cite le rôle de la Commission égalité et la cellule VDH.     

Actions concrètes et réflexion

Au-delà du simple constat, David Niget veut utiliser les résultats de l’enquête égalité comme « leviers d’action » pour élaborer des réponses aux problèmes évoqués. Selon lui, « des solutions se dessinent déjà ». Pour cela, le 23 novembre 2020 aura lieu une journée sous forme de seminaire webinaire consacrée à l’égalité professionnelle femmes-hommes. Un plan égalité homme-femme à l’UA va lui être rédigé et sera envoyé en mars 2021 au Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation. Quant au volet étudiant, un travail va être fait concernant les soirées d’intégration. « On a soutenu une action des élèves de pharmacie sur ce sujet. Celle-ci pourrait se décliner pour d’autres associations étudiantes et donner naissance à un label ou une charte des soirées d’intégrations », avance David Niget qui invite les étudiant·e·s à interpeller la Commission égalité pour lui soumettre des questions ou des projets quant aux transformations de l’Université sur les questions de genre, de discriminations raciales et de handicap. Enfin, l’idée d’ambassadeurs égalité chez les personnels et les étudiant·e·s pourrait aboutir sur un dispositif concret. Tant de projets qui sont le signe que l’enquête égalité commence déjà à porter ses fruits.

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