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Un premier roman qui fait mouche
Conservateur en chef des bibliothèques de l’Université d’Angers, Daniel Bourrion est aussi un féru d’écriture sur son temps libre. Son premier roman, Le pays dont tu as marché la terre, publié fin août, est finaliste des prix littéraires Méduse et du Monde. Rencontre.
Il le reconnaît lui-même, il a fait « un long chemin ». Daniel Bourrion, âgé de 58 ans, n’était pas prédestiné à l’écriture. « J’ai toujours voulu écrire même si, petit, je ne savais pas que les librairies existaient. » Il grandit en Lorraine aux côtés de ses deux frères, avec un père routier et une mère femme au foyer, qui parlent entre eux une sorte de patois lorrain-allemand. Il apprendra finalement le français à l’école.
Ce qui ne l’empêche pas d’écrire son premier récit à 11 ans, et plus tard, de décrocher un DEA (diplôme d’études approfondies) en littérature générale et comparée à l’Université de Metz. Il publie ensuite des recueils et textes au début des années 2000 dans des revues spécialisées et chez Publie.net, une « petite maison d’édition de littérature contemporaine. » Plus tard, en 2014, Daniel Bourrion apprend la mort d’un ancien ami d’enfance, un fait divers qui sera le point de départ de son roman.
« On est nés à quelques jours d’intervalle et on se voyait le mercredi pour faire les cons. J’ai quelques souvenirs de lui à l’école mais sa famille vivait en marge et on se perd de vue quand je rentre au collège puis au lycée. Et donc j’apprends son décès d’un AVC à 49 ans, seul, dans son lit, le jour de son anniversaire. Il est resté toute sa vie dans cette même maison. C’est quoi le mystère de ce mec-là ? Qu’est-ce qui s’est passé dans nos deux trajectoires ? Je n’ai aucune réponse. Je voulais reconstruire la figure de ce copain, laisser une trace en quelque sorte car il n’a pas de tombe, il s’est évaporé. C’était quelque chose de lourd à écrire. »
Un mini tour de France à la rentrée
Il écrit une première version de son roman en 2014, puis le reprend récemment et tente de le publier, sans succès. « J’ai envoyé ce manuscrit pendant trois ans partout en France, je n’ai reçu que des retours négatifs, se souvient-il. C’est une galère sans nom pour trouver un éditeur, surtout quand t’es un quasi-inconnu. »
Il rencontre finalement Ariane Molkhou, qui deviendra plus tard son agente, termine son roman et signe en décembre 2024 son contrat avec les éditions Héloïse d’Ormesson, fille de l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson. « Je suis ravi de travailler avec elles, explique celui qui est aussi responsable du service de transformation numérique à l'UA. La maison ne publie qu’une vingtaine de romans dans l’année et privilégie la qualité à la quantité. »
Les premiers retours sont positifs et très vite, Daniel Bourrion doit assurer la promotion de son livre en vue de la rentrée littéraire de septembre. Il se retrouve à dédicacer son manuscrit pour des journalistes et critiques littéraires et à se faire tirer le portrait par Philippe Matsas, qui a déjà photographié Iggy Pop, Cali ou Abd Al Malik.
Entre temps, cerise sur le gâteau, son roman est finaliste des prix Méduse (qu’il ne gagne pas) et du Monde (résultat le 3 septembre). Presque une suite logique pour celui qui fut sélectionné pour le prix du bibliothécaire de l’année 2024. En septembre et octobre prochains, Daniel Bourrion sillonnera la France (Angers, Tours, Metz, Nancy, Besançon, Toulon) pour participer à des salons littéraires. « Tout ce qui m’arrive, je ne m’y attendais pas, c’est assez drôle quand on y pense, je m’amuse beaucoup. »
Dédicace
Daniel Bourrion sera en dédicace à la librairie Richer le 29 août à 18 h 30.