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IUF : quatre enseignants-chercheurs de l’UA nommés

Marie Lezowski, Hoang-Chinh Lu, Nahema Hanafi et Aude Nuscia Taïbi figurent parmi les lauréat∙es de la campagne 2024 de l’Institut universitaire de France (IUF). Rencontres.

« Ce n’est pas tous les ans que quatre enseignants-chercheurs de l'UA sont nommés à l’IUF, souligne Sandra Camus, vice-présidente Recherche. C’est une très bonne nouvelle qui récompense la qualité exceptionnelle de leurs recherches. »

Membres juniors, lauréat∙es au titre de la chaire fondamentale

Marie Lezowski est maîtresse de conférences en histoire moderne à l’UA et membre du laboratoire Temos. Spécialiste du catholicisme matériel depuis son post-doctorat, elle a mené des recherches sur le commerce des dévotions, les vols d’église et les usages « abusifs » d’objets de prière à des fins magiques, dans le contexte italien tridentin.

C’est en se rendant dans les archives du Saint-Office romain au Vatican que Marie Lezowski découvre une série continue de procès pour « sollicitation » en confession, c’est-à-dire des avances sexuelles par des mots et des gestes. Cette documentation inexploitée lui permet de suivre trois siècles de pratiques sexuelles du clergé, à Sienne et dans le territoire. « Les scandales actuels des violences sexuelles commises par des clercs appellent à la compréhension d’un système d’abus sur la longue durée, précise-t-elle. Le projet présenté vise à faire l’histoire sociale et religieuse de ces violences et fait dialoguer travail en archives et réflexion en équipe sur la sollicitation. »


Hoang-Chinh Lu effectue ses recherche au sein du Larema.

Originaire du Vietnam, Hoang-Chinh Lu est professeur à l’UA au sein du Larema (Laboratoire angevin de recherche en mathématiques). Il travaille sur la théorie pluripotentielle géométrique, un sujet très compétitif au cœur de la géométrie algébrique, de la géométrie riemannienne, de l’analyse complexe, et de l’équation aux dérivées partielles. « Cette nomination représente pour moi une excellente opportunité pour faire avancer la recherche et améliorer la qualité de mes cours », détaille-t-il.

Hoang-Chinh Lu encadre les étudiant∙es du master Mathématiques et applications et, dans le cadre de la nomination à l’IUF, va bénéficier d’une décharge d’enseignement (64 heures au lieu de 192). « Cela me permet d’initier ou de renouveler des collaborations internationales à travers des séjours de recherche en France et à l’étranger. Je vais également participer activement à la formation des jeunes chercheur∙es dans le domaine. Enfin, plusieurs rencontres seront organisées au Larema, à commencer par une conférence en géométrie hermitienne complexe en mai 2025. »

Membre junior, lauréate au titre de la chaire médiation scientifique

Nahema Hanafi est maîtresse de conférences en histoire moderne et contemporaine à l’UA et membre du laboratoire Temos. Son projet scientifique de l’IUF est une prolongation du programme ANR CastrAlter, qui étudie les constructions et négociations des modèles de masculinités dans l’Europe des Lumières (Italie, France, Angleterre) entre le milieu du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle à partir de l’expérience des castrats italiens. Elle souhaite élargir ces questionnements à d’autres figures bousculant les normes de genre afin de préparer un ERC (European Research Council) avec le projet FluiGenrEM.

« Avec ce projet, j’envisage de réaliser un mémoire d’habilitation à diriger des recherches (HDR) et aussi de proposer des médiations scientifiques à même d’éclairer les débats de société contemporains autour des identités de genre : une exposition virtuelle, une restitution théâtrale, un dispositif de prévention du harcèlement en milieu scolaire ainsi qu’un module de formation continue auprès des professionnel·les susceptibles de recevoir ou d’accompagner des publics visés par les discriminations et violences de genre. »

Membre senior, lauréate au titre de la chaire fondamentale


Aude Nuscia Taïbi va effectuer un suivi temporel des formations végétales dans plusieurs pays d'Afrique.
Aude Nuscia Taïbi est professeure des universités en géographie. Au sein du laboratoire ESO, elle dirige ses travaux de recherche sur la déconstruction des idées reçues sur les dynamiques des systèmes socio-écologiques en Afrique. Un continent qu’elle connaît bien puisque qu’elle a travaillé au nord et au sud du Sahara.

« Les catastrophes climatiques, l’érosion de la biodiversité, l’appauvrissement des sols y sont fortement médiatisés mais cachent des représentations parfois biaisées des réalités, souvent héritières de la période coloniale. En effet, les politiques coloniales de protection des milieux répondent fréquemment à une volonté d’assujettissement et de dépossession des populations locales de leurs ressources naturelles et territoires. Il est important de déconstruire ces représentations car elles orientent les actions et projets de développement sur les territoires, expliquant ainsi l’échec de nombre d’entre eux. »

La chercheuse étudie les rapports entre faits de nature et faits de société, notamment par des suivis temporels des formations végétales dans plusieurs pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest, et de l’Océan Indien, à l’aide d’un travail sur le terrain et d’images satellites.

L'IUF

L'IUF a pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l'interdisciplinarité, en poursuivant trois objectifs :

  • Encourager les établissements et les enseignants-chercheurs à l'excellence en matière de recherche, avec les conséquences positives que l'on peut en attendre sur l'enseignement, la formation des jeunes chercheurs et plus généralement la diffusion des savoirs ;
  • Contribuer à la féminisation du secteur de la recherche ;
  • Contribuer à une répartition équilibrée de la recherche universitaire dans le pays, et donc à une politique de maillage scientifique du territoire.
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