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Séparés par des virgules

« Montrer les différents visages de la migration »

Suite au colloque international de psychologie organisé en 2021 par le laboratoire Bepsylab (aujourd’hui CliPsy) et le programme de recherche EnJeux, le livre Familles et transmission à l’épreuve de la migration a été publié aux éditions In Press en janvier. L’occasion pour Claudine Veuillet-Combier, professeure en psychologie clinique et psychopathologie, de s’interroger sur les liens familiaux et les enjeux de la transmission à l’épreuve de la migration.

Choisies ou contraintes, les raisons de migrer sont diverses et font l’objet de nombreuses analyses scientifiques et cliniques. Elles sont aussi au cœur du dernier ouvrage collectif dirigé par Claudine Veuillet-Combier. Ce dernier détaille les facteurs d’influences et soulève les questions suivantes : comment les liens familiaux sont-ils maintenus ? Quelles places prennent les souffrances traumatiques ? Pourquoi le point de vue de l’identité est-il remis en cause ?

« La problématique migratoire est intéressante et beaucoup de disciplines (sociologie, psychologie, anthropologie, histoire) s’y intéressent, souligne la directrice adjointe de CliPsy. Dans cet ouvrage, les différents travaux et constats cliniques présentés précisent qu’en matière de migration, toute hypothèse de compréhension psychologique doit rester prudente car il existe une diversité des figures et un contexte qui est toujours à considérerNotre but était de montrer les différents visages de la migration en lien avec la problématique familiale. »

Donner la parole aux professionnels impliqués

Composé de cinq parties, le livre est préfacé par Marie Rose Moro, chercheure spécialiste de psychiatrie transculturelle et professeure à l’Université de Paris. Elle y explique notamment que 82,4 millions de personnes dans le monde ont été forcées de fuir leur foyer en 2020 et qu’en 2021, 46 % des réfugiés et 34 % des demandeurs d’asile étaient des enfants de moins de 18 ans.

Une réflexion sur les dispositifs d’accueil de plusieurs pays (Argentine, Tunisie, Italie, Suisse, Brésil) est aussi menée par les différents chercheurs nationaux et internationaux, qui rappellent in fine que le voyage migratoire n’est pas seulement géographique mais aussi psychique. « Le sujet est fragilisé car le déplacement réveille les enjeux attachés à la transmission culturelle et familiales mais il peut permettre, paradoxalement, la réconciliation et les retrouvailles, et peut donner l’opportunité d’aller vers une affirmation de soi », ajoute Claudine Combier

Le dernier chapitre, écrit par Emmanuel Gratton, maître de conférences HDR en psychologie sociale clinique à l’Université d’Angers, donne quant à lui la parole aux professionnels et bénévoles impliqués dans l’accompagnement des migrants. « Il y a un effet d’écho qui, à l’image des politiques de migration, mettent les uns comme les autres à l’épreuve. Le monde est en perpétuel changement, tout comme les configurations migratoires et familiales, ce qui impose de revisiter régulièrement nos représentations, théories, et réflexions, comme nos pratiques et politiques publiques d’accueil trop souvent inhospitalières », conclut Claudine Combier.

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