fr | en

Séparés par des virgules

Le rôle de la neurolinguistique dans l’apprentissage des langues étrangères

Issu de l’alliance européenne EU-Green, le projet Second Language Learning at School for all teenagers (SLS4Teens) est lauréat d’un appel à projets du programme Erasmus+ et interroge le rôle de la neurolinguistique dans l’apprentissage des langues étrangères et secondes. Explications avec Delphine Guedat-Bittighoffer, enseignante-chercheuse au Cirpall et coordonnatrice du projet.


George Conrad et Delphine Guedat-Bittighoffer.
Pour certains élèves au collège, l’apprentissage d’une langue étrangère peut relever de la croix et de la bannière. De même que se frotter à la langue de Molière pour un public allophone n’est pas chose aisée. « Les élèves peuvent apprendre une langue mais sans réellement communiquer hors du cadre scolaire, il n’y a pas assez d’interactions au collège, assure Delphine Guedat-Bittighoffer. Ce constat a été fait au Canada dès 1997 par Claude Germain, professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal, qui est par ailleurs intervenu à l’UA en 2018 pour former des étudiant∙es de master FLE à l’approche neurolinguistique (ANL). »

Depuis, la chercheuse se démène haut et fort pour sensibiliser au niveau européen la promotion de pratiques innovantes et notamment l’ANL dans l'apprentissage des langues étrangères et secondes. Avec le soutien de trois partenaires EU-Green (Magdebourg, Parma, Extremadura) et de l’Université de Nantes, elle a obtenu cet été un financement de 400 000 euros de la Commission européenne pour son projet SLS4Teens dans le cadre de l’appel à projet Partenariats de coopération du programme Erasmus+.

« C’est une thématique intéressante qui correspond aux priorités de l’Union européenne », abonde George Conrad, chargé de projets européens de formation au sein de Cap Europe et qui a accompagné Delphine Guedat-Bittighoffer dans le montage du projet.

Tester le niveau de plus de 1 000 élèves

En ce sens, une cinquantaine de professeurs de collèges volontaires seront formés à de nouveaux modules en lien avec l’interculturalité, les outils numériques, la grammaire, les apports des neurosciences et la moitié d’entre eux sera initié en plus à l’ANL. « L’idée est d’apprendre de manière ludique et de ne plus voir une langue étrangère comme ennuyeuse. Il y aura des oraux spontanés durant lesquels les élèves se présenteront et parleront de leur vie quotidienne, de leurs émotions positives et négatives, et produiront des textes à l’écrit, précise la coordinatrice du projet. Il s’agit de travailler autour de projets pédagogiques stimulants. »

Ces modules seront conçus par les chercheur∙es des universités partenaires entre novembre 2023 et février 2025. Puis les professeurs suivront une formation de huit mois et 1250 élèves (scindés en deux groupes : ceux qui apprennent l’anglais en tant que langue étrangère et ceux qui découvrent le français ou l’allemand comme langues de scolarisation) seront ensuite testés une première fois en septembre 2025.

Les professeurs dispenseront ensuite leurs cours avec les nouveaux modules assimilés et un second test aura lieu en février 2026. « Nous allons donc comparer ces deux évaluations et réaliser des entretiens avec les professeur∙es pour constater ce qui a changé dans leurs pratiques pédagogiques et savoir si cela a été apprécié ou non. À terme, notre ambition est ainsi de contribuer à notre niveau à faire en sorte que les élèves soient plus ouverts d’esprit et capables de travailler dans un environnement multiculturel. »

Scroll