Bourse ERC : Antoine Goujon lauréat

Récompensé du prix Marc-Julia en avril dernier, Antoine Goujon, enseignant-chercheur à Moltech Anjou, vient de décrocher une prestigieuse bourse du Conseil européen de la recherche (ERC) pour son projet PhotoFreeze. Rencontre.

Antoine Goujon a décroché une bourse européenne d'1,5 million d'euros. Chaque année, l’European Research Council (ERC) finance des projets de recherche dans le cadre d’Horizon Europe selon leur excellence scientifique dans trois catégories : Starting (entre 2 et 7 ans après la thèse), Consolidator (entre 8 et 12 ans) et Advanced (chercheur∙es confirmé∙es).

Pour la première catégorie, près de 2700 chercheur∙es en Europe ont candidaté, pour seulement 400 lauréat∙es cette année, dont Antoine Goujon, maître de conférences à l’Université d’Angers depuis septembre 2019. Distingué Étoiles montantes par la Région Pays de la Loire en 2021 - dispositif qui accompagne, entre autres, de jeunes chercheur∙es vers l'ERC -, il va bénéficier d’une bourse de 1,5 million d’euros pour cinq ans. « C’est un sentiment bizarre et euphorique à la fois, détaille celui qui a appris la bonne nouvelle fin juillet. À ce stade de ma carrière, c’est le plus gros financement possible à obtenir. Seulement 13 chimistes en Europe l’ont décroché, dont deux Français. »

« Il est très rare qu’un∙e chercheur∙e à l’UA décroche une bourse ERC, confirme Philippe Simoneau, vice-président Recherche de l'UA. Une grand majorité des lauréats français sont des chercheur∙es des organismes nationaux de recherche (CNRS, Inrae…) et la plupart des enseignant∙es-chercheur∙es titulaires d’une bourse ERC sont en poste dans des universités de taille supérieure, même si ils et elles ont parfois rejoint celles-ci qu’après l'avoir obtenue. C’est une visibilité importante pour notre établissement, qui est reconnu dans le domaine de la chimie organique, et pour Antoine qui va nouer des collaborations dans le monde entier. » 

Des collaborations internationales

Dans le cadre du projet PhotoFreeze, Antoine Goujon et son équipe vont s’intéresser à la synthèse de molécules conjuguées par une méthodologie covalente dynamique verrouillée par la lumière. « En clair, nous utilisons de la lumière pour contrôler l’environnement propice à la fabrication d’une grande diversité de molécules complexes plus rapidement avec des fonctions très différentes. Nous utilisons des liaisons dynamiques qui permettent à un mélange de composés de s’organiser spontanément en une cible complexe. Dans un second temps, la lumière permet de verrouiller ces liaisons dynamiques de manière irréversible et d’isoler et étudier notre cible ainsi obtenue en une seule étape. Cette stratégie combine les avantages d’une synthèse classique avec des liaisons très robustes traditionnellement réalisée étape par étape, et de la chimie covalente dynamique qui permet d’auto-assembler de grands objets complexes en une réaction. »

Les propriétés optiques et électroniques des molécules seront ensuite étudiées grâce aux compétences développées en électronique organique au sein de Moltech Anjou et aux futures collaborations menées dans des laboratoires internationaux. À terme, l’ambition est de synthétiser une nouvelle génération de semi-conducteurs organiques de type-n, pour des applications en électronique organique (diode électroluminescente, transistors). « Ces dérivés pauvres en électrons sont sous-représentés, ce qui freine le développement de l’électronique organique. La méthodologie développée dans le cadre de ce projet devrait permettre d'obtenir rapidement un large éventail de nouvelles molécules de type-n aux structures et propriétés impossibles à atteindre autrement. »

Le projet PhotoFreeze débutera en janvier 2024 et sera étoffé les prochaines semaines avec les arrivées d’un∙e technicien∙ne et d’un∙e enseignant∙e-chercheur∙e sur toute la durée du projet, en plus de trois doctorant∙es, et trois contrats postdoctoraux sur les cinq ans. Le financement obtenu permettra également l’achat de matériels (photo-réacteur, appareil de synthèse micro-ondes, chromatographe d’exclusion stérique à recyclage).