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Séparés par des virgules

Un enseignement pour mieux appréhender le handicap

Depuis deux ans, les étudiant∙es en médecine peuvent suivre une formation d’un semestre visant à les sensibiliser au handicap. Une initiative de la Faculté de santé d’Angers presque unique en France.


Jean-Marc Mouillie, maître de conférences en philosophie à l’UA, a évoqué la représentation sociale du handicap avec les étudiant∙es.
Le constat est accablant. « Aujourd’hui, les médecins en France ne sont pas formés au handicap, assure Mickaël Dinomais, professeur des universités et chef de service en médecine physique au CHU d’Angers. Il y a encore beaucoup de travail à faire quant à la connaissance des handicaps invisibles (troubles dys), l’annonce du handicap, les soins à prodiguer… Avec Isabelle Richard, à l’époque PU-PH en médecine physique et réadaptation, nous avons échangé sur les difficultés d’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap. En tant qu’universitaires, nous devions agir. »

Depuis la rentrée 2021, la Faculté de santé propose ainsi à une soixantaine d’étudiant∙es en médecine un module d’enseignement pour réfléchir à la notion du handicap et mieux se l’approprier à travers plusieurs thématiques (l’enfant en situation de handicap, troubles sensoriels, tourisme et handicap, accès aux soins, droit et discrimination).

Des professionnel∙les de la santé du Centre de santé mentale angevin (Cesame), de structures médico-sociales et du CHU d’Angers échangent avec les étudiant∙es mais aussi des enseignant∙es et Claire Mandin, chargée de mission handicap de l’Université d’Angers.

Au contact des familles

Jeudi 23 février, dans l’amphithéâtre du centre de rééducation des Capucins, Jean-Marc Mouillie, maître de conférences en philosophie à l’UA et directeur du département de sciences humaines et sociales en Santé, a invité les étudiant∙es à réfléchir sur la notion d’anormalité et sur la représentation sociale du handicap. « En onze ans d’études, je n’ai jamais eu de tels cours », confie Adélie Christiaens, cheffe de clinique en médecine physique et de réadaptation pédiatrique et qui intervient également lors de ce module d’enseignement.

Au-delà de la théorie abordée en classe, chaque étudiant∙e passera durant le semestre une journée « vis ma vie » en immersion avec une famille dont l’un des membres est concerné par un handicap. « Cela leur permet de comprendre les difficultés quotidiennes liées au handicap, souligne Adélie Christiaens, qui est en lien régulier avec le dispositif Handisanté du CHU d’Angers. Cet aspect pratique sera utile dans leur future vie de professionnel∙le de la santé. »

Un constat que partage Linaëlle, étudiante en 2e année. « On y sera confronté un jour ou l’autre, s’exclame-t-elle. On a très peu de formation alors que la prise en charge est essentielle. Je me suis donc inscrite pour développer de nouvelles compétences, d’autant plus que je ne suis pas confrontée au quotidien à des personnes en situation de handicap. Et puis c’est super intéressant d’avoir ces points de vue différents sur une même notion. »

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