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Moins polluer, ça rapporte combien ?

Quel est le bénéfice pour les pouvoirs publics de restreindre l’usage de tel ou tel produit chimique ? Cette question est au centre de l’ambitieux programme de recherche européen Valesor, coordonné par l’Université d’Angers.

Photo de Chris Boutillier
Photo de Chris Boutillier
Si certains produits chimiques, même polluants, sont toujours utilisés, c’est qu’ils ont leurs avantages. Ils permettent, par exemple, à des industries d’être performantes et de contribuer à la prospérité de l’économie nationale. « Pour une collectivité, réduire l’utilisation de produits chimiques, même polluants, a un coût, indique Gildas Appéré, spécialiste de l’économie de l’environnement. Face à ces coûts, il est nécessaire de mettre en lumière l’ensemble des avantages liés à la réduction de ses émissions polluantes ».

C’est l’enjeu du programme Valesor (pour Valuation of environmental stressors). Lauréat de l’appel à projets Horizon Europe en environnement et santé, il ambitionne d’évaluer les conséquences sanitaires et économiques des différents facteurs de stress chimiques, qu’ils soient transmis par l’air, l’eau ou le sol, et d’élaborer un outil d’aide à la décision destiné aux acteurs impliqués dans la décision publique relative aux produits chimiques. « À partir de cet outil déployé sur un site web, les pouvoirs publics pourront connaître l’impact de telle ou telle hypothèse de réduction de produits chimiques, et regarder leurs effets en termes de gains pour la santé des populations et donc pour leur économie, explique Gildas Appéré, qui pilote le programme. Il existe déjà des outils ciblés sur la pollution de l’air, mais, là, nous avons pour objectif de prendre en compte tous les canaux de transmission des pollutions chimiques, et ce, à l’échelle européenne, en intégrant les particularités géographiques et technologiques des différents pays. En effet, les problématiques ne sont pas les mêmes en Norvège et dans certains pays d’Europe centrale, davantage soumis aux pollutions ». Pour élaborer cet outil, le consortium s’appuiera sur des données existantes et en générera de nouvelles à partir d’études de terrain.

Douze partenaires

Lancé officiellement le 1er janvier 2023 pour 3 ans, le projet fédère douze partenaires européens, « avec un axe fort franco-suédois », avec une forte dominante économique. « Souvent, dans ce type de projet, les économistes arrivent en bout de chaîne, précise le professeur, membre du Groupe angevin de recherche en économie et management (Granem). L’originalité dans notre cas, c’est que les leaders du projet sont des économistes. Nous représentons plus de la moitié de la trentaine de membres du projet, l’équipe étant complétée par des médecins, des épidémiologistes, des toxicologues et des environnementalistes ». 

« C’est la première fois que l’Université d’Angers coordonne un projet européen à multiples partenaires d’une telle ampleur », souligne Jean-François Pacaud, du service d’aide au montage et au suivi de projets européens Cap Europe.

Le budget total de Valesor dépasse les 3 millions d’euros. Pour soutenir l’organisation et le pilotage, le programme bénéficiera du concours de Marie Chastanet, manager de projets recrutée pour l’occasion, et de l’appui de Jean-François Pacaud.

L’info en +

Le projet Valesor s’inscrit dans un cluster de recherche organisé par la Commission européenne regroupant quatre autres projets européens portant sur l’évaluation des effets sanitaires des pollutions. Il assurera la présidence tournante de ce cluster en 2024 et 2025.

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