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Comprendre le rôle des mitochondries dans le vieillissement du cœur

Chercheuse au sein du laboratoire Mitovasc, Jeanne Mialet-Perez porte le programme Mitocard qui vise à comprendre le rôle de la dysfonction mitochondriale dans l’insuffisance cardiaque.

 Jeanne Mialet-Perez a intégré Mitovasc en juin 2022.
Jeanne Mialet-Perez a intégré Mitovasc en juin 2022.
Une pompe fatiguée. Quand le cœur perd de sa force musculaire et sa capacité de contraction normale, il n’apporte plus aux organes suffisamment d’oxygène et d’éléments nutritifs. C’est l’insuffisance cardiaque. L’âge est un facteur clé. Plus de 10 % des plus de 80 ans en souffrent en France.

Quand un individu vieillit, ses cellules « fonctionnent » moins bien. Ce processus de lente dégradation des fonctions cellulaires est appelé la sénescence. « Quand le cœur vieillit, il accumule des cellules sénescentes, constate Jeanne Mialet-Perez, chargée de recherche Inserm, spécialiste de la signalisation des cellules cardiaques. Mais quand on parvient à retirer ces cellules sénescentes, on diminue les effets délétères du vieillissement », comme la fibrose ou l’hypertrophie.

Stress oxydant

Pourquoi les cellules cardiaques se dégradent-elles ? « On s’est rendu compte que ce processus de vieillissement passait, en majeure partie, par les mitochondries », sorte de centrales énergétiques des cellules. Quand celles-ci connaissent des ratés, les cellules assurent moins bien leurs fonctions. Or, poursuit Jeanne Mialet-Perez, qui a rejoint l’unité Mitovasc en juin 2022, après 16 années passées à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC) de Toulouse, « on a identifié une enzyme, la monoamine oxydase, qui génère un stress oxydant. Ce que l’on veut comprendre c’est comment cette enzyme va entraîner une altération de l’ADN mitochondriale, et donc nuire au bon fonctionnement de la mitochondrie, ce qui conduit à la sénescence de la cellule ».

Ce projet, baptisé « Mitocard », a officiellement démarré le 1er janvier 2023, pour une durée de 4 ans. Soutenu à hauteur de près de 400 000 € par la Région des Pays de la Loire, l’Université d’Angers et Angers Loire Métropole, il associe l’expertise des deux équipes du laboratoire Mitovasc, l’une spécialiste des mitochondries, l’autre des maladies cardiaques, ainsi que le service de cardiologie du CHU d’Angers.

Aux côtés de Jeanne Mialet-Perez, un technicien et un·e doctorant·e participeront aux études in vitro sur des cellules cardiaques, ainsi que sur différents modèles de rongeurs afin, par exemple, d’observer les conséquences d’une surexpression de la monoamine oxydase.

Un modèle pour d'autres maladies

L’enjeu de ce programme de recherche est de taille : « Si on arrive à bien comprendre les mécanismes qui interviennent, on pourra les cibler, voire les inverser en élaborant de nouveaux moyens thérapeutiques. Pour le cœur, mais pas seulement, car ces mécanismes se produisent dans d’autres tissus. Donc, ce projet pourrait servir pour d’autres maladies liées à l’âge et aux dysfonctions des mitochondries, comme le diabète, l’insuffisance rénale ou les maladies neurodégénératives. L’objectif étant de promouvoir le vieillissement en bonne santé ». 

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