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Séparés par des virgules

Quand l’armée fait appel à l’UA…

La Direction générale de l’armement (DGA, rattachée au ministère de Armées) et l'ANR ont créé en 2011 un programme de soutien à la recherche nommé Astrid (Accompagnement spécifique des travaux de recherche et d’innovation défense). Pour l’édition 2021, 17 projets ont été retenus dont un émanant d'un laboratoire de l’Université d’Angers. Guy Lenaers, coordinateur et directeur de l’équipe MitoLab, détaille les ambitions du projet TempoMito.

L’Université d’Angers, et le CNRS, au chevet de l’armée ? Cette dernière a en effet sollicité l'unité de recherche Mitovasc, et son expertise sur les mitochondries, pour la santé de ses militaires dans le cadre du programme de recherche TempoMito, prévu pour une durée de 30 mois et financé à hauteur de 275 000 €.

Si le corps humain avoisine les 37°C, celui des militaires peut rapidement atteindre 40°C, voire plus, selon l’équipement et le terrain d’action. « Or, une variation de 5 °C en plus ou en moins de la tempréature corporelle peut avoir de graves conséquences et entraîner des troubles métaboliques et neurologiques parfois fatals, détaille Guy Lenaers. Ces coups de chaleur à l’exercice peuvent ainsi plonger les militaires dans le coma par exemple. »

Alors, les chercheur∙e∙s de l’UA et du CNRS, en collaboration avec l’Université de Grenoble-Alpes, l’Inserm (Université de Paris) et l’Institut de recherche biomédicale des armées (Irba) vont unir leurs efforts pour mieux comprendre l’origine cellulaire de ces coups de chaleur et rechercher des solutions pharmacologiques transposables sur le terrain d’action militaire et lors de défis physiques d’extrême endurance.

Comment réguler la température des mitochondries ?


De nombreux mécanismes biologiques permettent à notre corps de conserver une température interne proche des 37°C, au repos ou en pleine activité.
Au sein du laboratoire MitoLab, les fonctions physiologiques et dysfonctions pathologiques de la mitochondrie sont étudiées. « C’est une ancienne bactérie intracellulaire qui fournit aux cellules l’énergie dont elles ont besoin à partir de notre nutrition, rappelle Guy Lenaers. Leur température à été estimée à 50°C et nos recherches portent sur la compréhension des mécanismes contrôlant la production de chaleur dans les mitochondries : comment est fabriquée l’énergie et quelle conséquence a-t-elle sur la production de la chaleur ? On a identifié un gène potentiellement impliqué mais il n’existe pas encore de bons outils pour mesurer la température à l’intérieur des cellules et du corps. Pour simplifier, on connaît actuellement les thermostats de chaque pièce de la maison mais pas celui de la chaudière. »

Si les militaires français sont aujourd’hui concernés par ce projet, la problématique peut aussi impliquer les sportifs de haut-niveau adeptes des défis d’endurance exceptionnels (ultra-trail et Ironman). « Et à moyen terme, la population humaine parce qu’avec l’augmentation de la température extérieure due au réchauffement climatique, nos systèmes de thermorégulation seront confrontés à des conditions plus contraignantes, voire pathologiques et mortelles : souvenons-nous des conséquences de la canicule d’août 2003 (15 000 morts). Cette thématique est nouvelle pour la communauté scientifique qui travaille sur les mitochondries et nous espérons apporter la première pierre à un édifice qui va faire évoluer considérablement les études sur la physiologie mitochondriale et tous les processus biologiques et pathologiques associés à la thermogénèse. »

The Conversation

Guy Lenaers a co-écrit un article dans The Conversation, avec César Mattéi, maître de conférences en neurobiologie à l’UA, et Florian Beignon, étudiant en thèse financée par la DGA et la Région Pays de la Loire.   

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