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Séparés par des virgules

Guerre en Ukraine : la recherche solidaire

Le Programme d’accueil en urgence des scientifiques en exil (Pause) permet aux chercheuses ukrainiennes Iryna Goncharova et Nataliya Plyuta de poursuivre leurs travaux de recherche à l’Université d’Angers. Rencontre.


Nataliya Plyuta et Iryna Goncharova, chercheuses ukrainiennes, travaillent au sein du laboratoire Moltech Anjou.
Rendez-vous est pris à la mi-décembre dans une salle de réunion à la Faculté des sciences, sur le campus de Belle-Beille. Iryna arrive la première. Titulaire d’un doctorat en chimie, elle travaillait à la State University of Trade and Economics de Kyiv comme professeure associée jusqu’à ce que la guerre éclate.

Elle quitte alors l’Ukraine un mois plus tard, avec sa mère et sa fille, âgée de 12 ans. La famille se rend en Pologne puis à Nice en bus, où elle reste deux mois dans l’appartement d’un ami. Iryna continue de travailler à distance pour son université. En parallèle, elle dépose un dossier de candidature pour le programme Pause, avec l’aide de Bouchta Sahraoui, professeur au Laboratoire de photonique (Lphia) de l’UA, avec qui elle avait collaboré lors d’un précédent projet scientifique.

La demande est acceptée un mois et demi plus plus tard et Iryna et sa famille rejoignent l’Anjou en bus fin mai. « Depuis le 1er septembre, ma recherche, encadrée par le programme Pause-ANR Ukraine au sein des laboratoires Moltech Anjou et Lphia, est axée sur le contrôle de la qualité de l'eau à l’aide de la spectroscopie de claquage induit par une impulsion laser hautement énergétique comme source d'excitation (LIBS) », détaille-t-elle. Son contrat s’étend jusqu’en février et devrait être prolongé de six mois.

Un seul souhait : revenir

C’est ensuite Nataliya qui prend la parole. La jeune chercheuse était en poste à la Taras Shevschenko National University de Kyiv, un établissement partenaire de l’UA avec lequel elle a décroché son doctorat de chimie en 2020 suite à une thèse en co-tutelle entre les deux universités. Elle a quitté l’Ukraine début mars, seule. « Après un mois en Allemagne, je suis arrivée à Angers en avril 2022 au laboratoire Moltech pour étudier la chimie de coordination de ligands à base de benzothiadiazole avec des métaux de transition ou lanthanides afin d'obtenir des dérivés luminescents ou magnétiques », précise-t-elle.

Les deux chercheuses – qui prennent des cours pour se familiariser avec la langue de Molière - estiment avoir été très bien accueillies à Angers et remercient vivement le personnel de l’UA (bureau des internationaux, laboratoires Moltech Anjou et Lphia). Si elles se plaisent en Anjou, elles ont aussi remarqué plusieurs différences avec leur vie d’avant-guerre. « Ici, les équipements sont de haut niveau, et les possibilités en recherche sont nombreuses, soulignent-elles. Les personnes sont aussi très détendues le week-end pour profiter des loisirs, ce n’était pas forcément une habitude en Ukraine. En revanche, il y a beaucoup de démarches administratives, et c’est très compliqué de trouver un médecin de ville ! »

Iryna et Nataliya sont en contact régulier avec leurs anciens collègues, encore en Ukraine ou en exil dans d’autres pays européens. Aujourd’hui, elles n’aspirent qu’à une seule chose : revenir en Ukraine le plus vite possible. « Le pays manque beaucoup à ma maman, ajoute Iryna. Ma fille est inscrite dans un collège à Angers mais continue de suivre des cours ukrainiens en ligne. » Nataliya, elle, a décidé d’offrir un beau cadeau de Noël à ses parents et à sa sœur, restés sur place : elle s’est rendue en Ukraine une dizaine de jours fin décembre pour passer les fêtes en famille. 

L’info en plus

Une troisième chercheuse ukrainienne, Svitlana Plotnytska, est accueillie depuis mars 2022 au Groupe de recherche angevin en économie et management (Granem).  

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