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Séparés par des virgules

Des pictos pour mieux comprendre les boîtes de médicaments

Maîtresse de conférences en psychologie sociale à l’Université d’Angers, Golda Cohen travaille sur un projet de pictogrammes adaptés aux traitements des patients sur les boîtes de médicaments. Un sujet de recherche est soutenu par l’UA, la Région Pays de la Loire dans le cadre de l’appel à projet Pulsar.

En 2012, les Français étaient les plus gros consommateurs de médicaments dans le monde après les États-Unis avec quarante-huit boîtes de médicaments achetées par personne, notamment par les plus âgées ou défavorisées.

Un « record » qui interroge Golda Cohen, maîtresse de conférences et qui a soutenu en 2015 une thèse sur les représentations sociales du médicament dans une perspective iconographique. « En me penchant sur les éléments associés au médicament, j’ai réalisé que la notice était complètement absente des données recueillies, souligne-t-elle. Une revue de littérature sur cet outil de communication m’a permis d’en comprendre la raison : elle est jugée trop complexe par la plupart des individus, et surtout, elle n’est pas adaptée aux populations sensibles (illettrées, allophones, personnes âgées…). » Des informations pourtant essentielles y figurent pour les personnes malades, surtout en cas d’effets secondaires ou de contre-indications.

« Déployer ce dispositif à grande échelle »

Dans le cadre de son programme de recherche Psymages - lauréat du concours Déclics jeune de la Fondation de France et qui se termine en décembre 2022 -, Golda Cohen souhaite repenser les outils d’aide à la prise du traitement médicamenteux à partir de nos images mentales collectives. « Dans ce cadre, j’ai demandé à une soixantaine de seniors de plusieurs résidences autonomie gérées par le  Centre communal d’action sociale (CCAS) d’Angers de dessiner des pictogrammes représentant le médicament. J’ai ensuite analysé ces résultats avec une graphiste et validé les pictogrammes avec les personnes âgées. À l’occasion de ces ateliers, elles ont pu exprimer leurs propres difficultés face à la lecture de la notice, et ont eu le sentiment d’avoir été écoutées, c’étaient des beaux moments d’échange. »

Une enquête a été menée auprès des Agence régionales de santé (ARS) et du ministère de la Santé. En parallèle, Golda s’est rapprochée de l’Association française de normalisation (Afnor) pour s’assurer que les pictos soient normalisés et répondent à la sécurité des usagers.

Les pictogrammes retenus, une centaine au total, pourront apparaitre sous forme de gommettes colorées ou de dessins sur la notice selon leurs spécificités : à prendre à un moment précis de la journée, avec un verre d’eau ou non, expliquant à quoi sert le traitement exactement… « Cela existe déjà au Québec, avec des boîtes cylindriques contenant plusieurs pictos », souligne celle qui est aussi membre du Laboratoire de psychologie des Pays de la Loire (LPPL).

Golda Cohen attend désormais un signe du côté des pharmacies. « Elles reconnaissent qu’il y a un problème de communication : j’espère que celles d’Angers vont porter ce projet et déployer ce dispositif à une plus grande échelle. »

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