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Séparés par des virgules

La médecine nucléaire pour lutter contre les cancers

L’équipe angevine Gliad, rattachée au Centre de recherche en cancérologie et immunologie intégrée Nantes-Angers (CRCI²NA), est partenaire du projet Dholmen, débuté en janvier 2025. Explications avec Emmanuel Garcion, directeur du Gliad.


Clémentine Lapoujade, postdoctorante financée par la Ligue nationale contre le cancer, Emmanuel Garcion, directeur du Gliad, et Mathis Barbotin, doctorant Inserm financé par la Région Pays de la Loire.
Selon l’Institut national du cancer et Santé publique France, on estime le nombre de glioblastomes nouvellement diagnostiqués en France à 3 500 nouveau cas chaque année. Avec un pronostic très défavorable, ce cancer du cerveau très agressif reste difficile à traiter en raison de sa localisation (isolé du reste de l’organisme et au sein du siège de notre conscience) et demeure de fait résistant aux traitements standards.

Toutefois, les nouvelles avancées dans la détection précoce, à un niveau moléculaire, et la mise en place de traitements innovants devraient permettre d’améliorer le taux de survie, estimé aujourd’hui à seize mois en moyenne.

En ce sens, l'équipe Gliad de l’Université d’Angers va collaborer au projet Dholmen, labellisé Labex Next, et dont le kick-off aura lieu à Nantes le 5 mai prochain. Il implique une quarantaine de laboratoires et de partenaires industriels et repose sur la médecine nucléaire. « Cette dernière est utilisée dans le diagnostic mais encore très peu dans le traitement, souligne Emmanuel Garcion. C’est un projet innovant puisqu’on va injecter des radiopharmaceutiques en radiothérapie interne vectorisée. »

Évaluer les effets de la radioactivité vectorisée

Le terme radiopharmaceutique désigne deux aspects d’un même médicament que sont, d’une part, l’isotope radioactif (astate 211, lutécium 177, actinium 225 ou plomb 212, dont certains sont produits par le cyclotron Arronax de Nantes) ; et d’une autre part la molécule (ou vecteur) transportant cet élément radioactif qui va se fixer sur les cellules cancéreuses.

« Le projet Dholmen vise à résoudre plusieurs questions : quel est le meilleur dosage de rayonnements ionisants ? Comment la radiothérapie influence les réponses immunitaires antitumorales ? Comment administrer de tels médicaments radiopharmaceutiques pour traiter une tumeur réséquée, qui peut contenir des cellules résiduelles invisibles et présente donc un risque de récidive ? »

Autre interrogation : l’évaluation de la toxicité de la radioactivité. « En utilisant notamment l’astate 211, l’élément le plus rare sur Terre, il n’y a plus de radioactivité dans l’organisme au-delà de trois jours, poursuit le directeur de recherche Inserm en neuro-oncologie. Si l’idée est d’aboutir à une solution humainement signifiante et de réaliser des essais cliniques sur l’homme, il faut s’assurer que l’administration de ce radiopharmaceutique ne soit pas toxique. »

Les chercheur∙es du consortium Dholmen utiliseront divers outils de pointe dont l’intelligence artificielle pour évaluer la dosimétrie et analyser le contexte texturel d’une tumeur pour s’assurer du meilleur bénéfice contextuel aux besoins des patient∙es. Ce projet est financé à hauteur de 1,7 million d’euros pour une durée de quatre ans. « D’ici là, on espère avoir des thèses financées et pouvoir tester ces radiothérapies dans différents contextes (tumeur en place, tumeur réséquée) car elles représentent un potentiel extraordinaire. »

L'info en plus

Le CRCI²NA a été créé en janvier 2022 par l'Inserm, le CNRS, et les Université d'Angers et de Nantes. Il est composé de 12 équipes de recherche dédiées à l'analyse des tumeurs en tant qu'écosystèmes composés de types cellulaires distincts, liés par des relations de coopération ou de compétition.

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