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Gliocure : du brevet à la start-up
Pour mettre au point un traitement efficace contre le glioblastome (cancer du cerveau), la jeune entreprise Gliocure valorise des travaux de recherche développés à l’UA. La SATT Ouest Valorisation se tient à ses côtés.
Joël Eyer, Claire Lépinoux-Chambaud et Louis-Marie BachelotLe glioblastome est le cancer du système nerveux le plus répandu et le plus foudroyant. Les traitements de ces tumeurs cérébrales sont lourds et peu efficaces. L’espérance de vie médiane avoisine les 16 mois (3 % de survie à 5 ans). La maladie tue 200 000 personnes chaque année dans le monde, dont près de 15 000 en Europe et plus de 2 000 en France.
Gliocure a décidé de se focaliser sur ce cancer. La start-up née en septembre 2016 va explorer le potentiel de deux brevets, copropriétés des universités d’Angers et McGill à Montréal. Des brevets qui reposent pour beaucoup sur les travaux du neurobiologiste Joël Eyer, directeur de recherche Inserm, à la tête du Laboratoire de neurobiologie et transgénèse (LNBT) durant 16 années, et aujourd'hui membre de l'unité Mint. Il a notamment mis en évidence l’intérêt d’un peptide, une molécule comprenant 24 acides aminés, qui bloque la formation de fuseaux mitotiques. « Il empêche les cellules cancéreuses du glioblastome de se diviser, et donc de se répandre, résume le chercheur angevin. Et il ne rentre que dans ce type de cellules, alors que les autres traitements vont dans toutes les cellules, y compris saines, et ne parviennent pas à tuer le glioblastome ».
Association chercheurs/entrepreneur
Persuadé du potentiel de ses découvertes, Joël Eyer est aussi conscient de ses limites. Développer tout médicament demande du temps, de l’argent, un savoir-faire, un réseau… « Je me suis rendu compte qu’il valait mieux que je m’associe à un entrepreneur », en la personne de Louis-Marie Bachelot. À 40 ans, l’Angevin vit avec Gliocure sa troisième expérience de création d’entreprise dans le domaine des biotechnologies. Claire Lépinoux-Chambaud, 30 ans, docteure en neurosciences, complète l’équipe pour la partie R&D.
Grâce à un programme de maturation financé par la SATT Ouest Valorisation, la jeune chercheuse a depuis 18 mois travaillé sur la phase préclinique non-réglementaire. L’efficacité du peptide, relativement facile à synthétiser et donc à produire, a été testée sur des souris, des rats et des cellules humaines. « Avec une seule administration, on réduit la masse tumorale de 60 % », assure Louis-Marie Bachelot.
Gliocure a déjà retenu l’intérêt d’investisseurs et business angels potentiels. Des recrutements sont prévus (ingénieur chimiste, doctorants). Au total, près de 2,5 M€ seront utilisés sur 3 ans pour trouver la dose optimale à administrer, prouver la non-toxicité du produit, garantir sa production, et, convaincre un partenaire industriel de tester le peptide sur l’homme… Cinq à six ans supplémentaires de développement clinique seront nécessaires pour parvenir au terme de l’aventure. Trop long pour certains patients. Mais l’espoir est là.
Plus d’infos sur : www.gliocure.com
Transfert de technologie
Créée en 2012, dans le cadre du programme des Investissements d’avenir, la Société d’accélération du transfert de technologies, SATT Ouest Valorisation a pour mission de valoriser les résultats issus de la recherche publique, en Bretagne et Pays de la Loire. Elle agit pour le compte de quatre actionnaires : la Comue Université Bretagne Loire - qui regroupe 22 établissements dont l’Université d’Angers - le CNRS, l’IRD et la Caisse des dépôts.
Outre la protection des découvertes (brevets), la SATT accompagne la maturation de projets jusqu’à leur adaptation par les entreprises, ou participe à l’éclosion de start-up. À chaque fois, l’objectif est le même : faire émerger des innovations des laboratoires et les transformer en produits innovants.